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Une once de psycho
10 février 2010

Extrait : L'homme thermomètre de Laurent Cohen (1)

En 1996, [...] Nina Dronkers a tenté un retour aux sources. Elle a cherché à localiser dans le cerveau le siège du contrôle de l'articulation, c'est-à-dire de la fonction même que Broca pensait être perdue chez Monsieur Leborgne, dit "Tan-Tan". Pour ce faire, elle a recruté 44 patients devenus aphasiques à la suite de lésions de l'hémisphère gauche. Elle a distingué parmi eux 25 patients souffrant d'un problème de contrôle de l'articulation, appelée "anarthrie", et 19 patients aphasiques mais à l'articulation parfaite, tout cela sans se soucier de la grande catégorie (Broca, Wernicke, etc.) à laquelle appartenaient ces patients. Elle a ensuite superposé les images des lésions révélées par le scanner ou l'IRM chez les patients souffrant et ne souffrant pas de problèmes articulatoires. Le résultat fut remarquablement clair : il existe une petite région du cortex appelée insula ("île" en latin), cachée au fond de la scissure de Sylvius, sous la région de Broca, qui était détuite chez absolument tous les patients souffrant de problèmes articulatoires et intacte chez absolument tous les patients à l'articulation préservée. Il s'agit donc d'une région critique pour le contrôle cortical de l'articulation, qu'il est nécessaire et suffisant de léser pour obtenir ce type précis de trouble de l'articulation. Quelle est la morale de cette histoire ? Aujourd'hui comme au temps de Broca, on peut localiser les voies cérébrales corrélées à un système pourvu qu'on choisisse un symptôme précis et non ambigu.

COHEN Laurent, 2004 (réed 2008), L'homme thermomètre - Le cerveau en pièces détachées, Paris : Odile Jacob, pp.60-61

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